Notre mécénat
Le fabuleux destin de Mohamed
L’une des missions de l’INSA Lyon, à travers l’Institut Gaston Berger, est d’accompagner les élèves qui n’oseraient pas, au regard de leurs conditions sociales, territoriales ou financières, s’orienter vers des études d’ingénieur alors qu’ils en ont les capacités. Pour cela, plusieurs actions sont mises en place dans le cadre du programme CAP’INSA. Rencontre avec Mohamed Messalti, étudiant en troisième année du département informatique et ancien élève au lycée Marcel Sembat à Vénissieux.
Les cinq DROM (Martinique, Guyane, Guadeloupe, Réunion et Mayotte) et treize lycées de l’académie lyonnaise bénéficient de dispositifs pour informer les lycéennes et lycéens sur les formations d'ingénieurs et les accompagner en cas d'admission à l'INSA : tutorat, visite du campus, workshop en anglais, école d’été, bourses, ateliers sur les méthodes de travail, programme de mentorat... Mohamed a eu la chance d’en bénéficier.
Un bon élève qui ne sait pas quelle voie prendre
Arrivé en terminale scientifique avec d’excellents résultats, Mohamed doit choisir son orientation. Il hésite alors entre un parcours en médecine ou en école d’ingénieurs.
« Je ne connaissais pas le métier d’ingénieur, ni les formations qui existaient. En effet, dans mon entourage, je n’avais qu’un cousin éloigné ingénieur. Je commence à entendre parler de l’INSA Lyon grâce aux sessions de tutorat qui sont menées dans mon lycée. »
Le tutorat est organisé dans les lycées partenaires de la région. Pendant 2h, quatre insaliens et des étudiants de l’EM Lyon se mettent à disposition des lycéens pour les aider à réviser.
« J’ai pu leur poser des questions, découvrir les formations et le métier d’ingénieur. Et puis un jour, l’INSA Lyon a proposé aux élèves de mon lycée une journée d’immersion au sein du campus. J’ai pu participer à un cours, échanger avec des étudiants, dont un ancien élève de mon lycée, visiter un laboratoire de recherche et une résidence. Je me suis tout de suite projeté ici. En revenant chez moi le soir, j’avais une vision plus claire de ce qu’était le campus et le métier d’ingénieur. Quelque temps plus tard, le résultat des admissions est tombé, et j’ai su que j’étais accepté à l’INSA Lyon ! »
L’aventure insalienne peut commencer
Il bénéficie alors des actions mises en place par l’Institut Gaston Berger : école d'été, bourses, logement sur le campus, mentorat…
« Une fois le processus enclenché, tout est allé très vite et j’ai été très bien accompagné. L’école d’été, mise en place pour tous les étudiants bénéficiant du programme CAP’INSA, est le dispositif qui m’a le plus marqué. Deux semaines avant la rentrée, nous avions tous les matins des révisions de mathématiques et de physique. Nous devions être une cinquantaine et je me suis enrichi au contact de gens venant d’horizons variés. Nos cultures sont tellement différentes !
Également, les étudiants sont logés dans les résidences du campus les deux premières années. Grâce à ça, je n’avais pas à chercher de logement et j’ai tout de suite été dans des conditions propices au travail. Même maintenant que je suis en troisième année, je continue à vivre dans les résidences du campus ! »
Mohamed rejoint la filière Amerinsa en première année. Dans cette filière, 50% des étudiants proviennent d’Amérique Latine et l’autre moitié est française.
« J’ai toujours été passionné par la culture hispanique et d’Amérique du Sud. Et l’INSA m’a permis de partager mon quotidien avec des étudiants provenant de ces pays. J’ai adoré ces deux années ! J’ai même eu l’occasion de réaliser mon stage ouvrier de première année en Bolivie, dans la compagnie aérienne AMASZONAS. Avec trois autres amis de ma promotion, on a trouvé notre logement grâce à nos camarades boliviens. Nous trois, un guadeloupéen, un guyanais et un rhônalpin, nous nous retrouvions plongés en plein cœur de la culture bolivienne. Si la convention diversité n’avait pas existé, nous ne serions certainement pas à l’INSA et nos chemins ne se seraient jamais croisés ! »
Le suivi des élèves proposé par CAP’INSA s’effectue tout le long de la première année. Le mentorat est mis en place depuis des années et permet aux élèves de rencontrer des ingénieurs INSA.
« Cinq fois par an, des ingénieurs nous proposent des temps d’échange en petits groupes autour de tables rondes. Au début, je dois avouer que j’y allais à reculons en pensant qu’il s’agissait d’une perte de temps… Mais à chaque fois, je découvrais une nouvelle facette du métier de l’ingénieur. Ces échanges m’ont rassuré et j’en suis ressorti grandi. »
Les rôles s’inversent
Maintenant en 3e année, Mohamed s’investit à son tour. Tuteur dans son lycée 2h par semaine, il consacre une partie de son temps à l’aide aux devoirs des lycéens. Il leur montre que le métier d’ingénieur leur est accessible, même s’ils viennent d’un milieu défavorisé. Également, il a accompagné dix-huit lycéens pendant six jours à l’INSA Euro-Méditerranée. En effet, pour fêter les dix ans de CAP’INSA, l’Institut Gaston Berger a organisé ce voyage en avril dernier. L’objectif était de faire réviser les mathématiques, la physique et l’anglais, aux lycéens, tout en découvrant une nouvelle culture.
« Le matin, j’aidais l’enseignant à donner ses cours aux lycéens et l’après-midi nous avions des activités culturelles : visite de la médina, des sites archéologiques, de la vieille ville… Les lycéens ont ainsi pu découvrir une nouvelle culture et un campus, tout en renforçant leur niveau scolaire. Et de mon côté, j’ai pu visiter une partie du Maroc ! Quand je prends du recul sur mes trois dernières années, je me rends compte de la chance que j’ai eu. Si l’INSA n’était pas ‘venu me chercher’, je ne me serais peut-être jamais orienté dans cette voie et je n’aurais pas vécu tout ce que j’ai déjà pu vivre. Il me reste encore deux belles années avant d’obtenir mon titre d’ingénieur, et qui sait, je pourrais revenir à l’INSA en tant que mentor ! »