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Rewall : des constructions écotouristiques en sacs de terre
Tout récemment diplômés de l'INSA Lyon, Maxime Feugier, Bastien Delaye et Lucas Gehin ont souhaité poursuivre l’aventure entrepreneuriale débutée au sein de la Filière Étudiant Entreprendre. Avec leur projet intitulé « Rewall », les trois jeunes ingénieurs souhaitent prouver que la construction peut allier esthétique, résistance et impact écologique positif à partir d’une idée née dans les années quatre-vingt : l’écodôme en Super Adobe. Ce type de construction bioclimatique sur mesure, couplée à un outil d’Intelligence Artificielle développé par leurs soins, pourrait déployer tout son potentiel.
De la terre et des déchets plastiques
C’est de l’esprit de Nader Khalili, architecte irano-américain, que la technique du Super Adobe est née : une construction en forme de calotte qui semble être tout droit sortie de la planète Tatooine dans Star Wars. Pourtant, sous ses allures de maison de hobbit, l’écodôme offre des possibilités architecturales infinies et une efficacité énergétique très performante. « Le Super Adobe consiste à empiler des sacs en polypropylène tissés remplis de terre et de déchets plastiques, en remplacement des parpaings. Empilés très rapidement et une fois enduits de chaux et de chanvre, ce type de construction présente des propriétés isolantes et mécaniques très intéressantes, avec une empreinte carbone très réduite », introduit Lucas Gehin, diplômé du département génie industriel. La forme conique assure à la construction une stabilité et une résistance capable de résister aux séismes et aux vents violents. Originellement développé pour les activités de la NASA, le Super Adobe pourrait même résister aux tempêtes de poussière lunaire. Quant à son efficacité énergétique, elle est sans appel. « Pour une surface de 20m2 construite en Super Adobe, on trouve une moyenne de 22 degrés de température en été, pour 35 fois moins de Co2 émis par rapport à une construction en béton », ajoute l’ingénieur. Face à ce constat, le groupe1 engagé dans le projet « Rewall » a vu une occasion concrète de faire rimer « génie civil » et « environnement ». Mais comment tirer parti de l’impact positif de cette technique capable d’allier esthétique, résistance et réutilisation des déchets ?
Remplis de terre du site et de déchets plastiques, empilés en un temps record et enduits à la chaux,
les sacs forment un dôme reconnaissable, confortable et qui garde la fraîcheur en été.
(©F DVIDSHUB - New eco-dome signals changes for local village, Djibouti)
Des hébergements écotouristiques
« Les constructions en Super Adobe sont très souvent utilisées comme hébergements dans les zones à risque, qui contrairement aux assemblages en tôle, peuvent représenter une alternative très durable et rapidement construite. Nous avons souhaité explorer une autre destination, celle du tourisme. Nous avons pensé que le Super Adobe pouvait être utile pour des hébergements touristiques, secondaires ou insolites et permettre de diffuser la culture d’une construction low-tech, qui contrairement aux idées reçues, ne fait pas l’impasse sur le confort », ajoute Maxime Feugier, diplômé du département génie civil et génie urbain.
Avec l’aide de certains camarades en double-cursus ingénieur-architecte et le concours de quelques enseignants-chercheurs du département GCU, ils travaillent les designs et la faisabilité technique de leurs écodômes. Résultat ? Pour un prototype final de 20 m2, la construction nécessite une cinquantaine de kilos de sacs en polypropylène, « soit quelques chaises de jardin », illustrent les jeunes ingénieurs. « Nous avons participé à un salon qui réunissait des acteurs majeurs de la construction et nous avons senti l’intérêt de bon nombre d’entre eux. Seulement, nous avons aujourd’hui un obstacle de taille : les assureurs restent encore frileux quant aux nouvelles techniques de construction. »
« Rewall One » : une habitation écologique et hors du commun, offre la possibilité d’accueillir deux personnes en autonomie totale sur le plan thermique et électrique.
Avec ses 16m2, cet habitat dispose d’une kitchenette et d’une salle de bain. (©Rewall)
Un outil d’IA au secours des archis
En développant les constructions du projet « Rewall », Maxime, Lucas et Bastien ont fait un constat : dans le métier d’architecte, l'ébauche de plan est une activité très chronophage. « Pendant nos travaux préliminaires, nous avons développé une solution d’intelligence artificielle qui offre la possibilité de produire, à partir des dessins de nos prototypes à la main, une retranscription numérique. Nous souhaitons poursuivre le développement de cet outil pour soutenir les architectes dans leurs rendus visuels car aujourd’hui, certains logiciels ou plug-ins permettent d’ajouter de la texture ou de la lumière aux différents plans, mais c’est un travail très fastidieux. SamIA, qui est le nom donné à notre outil, permet de générer quatre propositions de prototypages à partir d’une ébauche manuelle. En travaillant avec nos camarades en double cursus ingénieur-architecte, nous avons vu le potentiel », conclut Bastien Delaye, également diplômé du département génie industriel.
(De gauche à droite) : Maxime Feugier, Lucas Gehin et Bastien Delaye, diplômés de l’INSA Lyon,
veulent prouver que « construction » peut rimer avec « environnement ».
Le projet « Rewall » a été soutenu par les « coups de pouce entrepreneurs » de la Fondation INSA Lyon.
[1] Au commencement du projet, l’équipe était composée de six membres, élèves-ingénieurs et membres de la Filière Étudiant Entreprise (Maxime Feugier, Bastien Delaye et Lucas Gehin, Dimitri Lazarevic, Samia Tahiri et Walid Da Costa).