25 fév
25/fév/2022

Ils dansent la science

 

Expliquer la science en dansant : c’est le défi que se sont lancé quatre élèves-ingénieurs de la section danse-études de l’INSA Lyon. Tout récemment lauréats d’une bourse Coup de pouce Passions 2022 de la Fondation INSA Lyon, leur projet vise deux intentions : expliquer des concepts scientifiques grâce au mouvement et désacraliser la danse contemporaine. 

Un atelier de « R&D » : recherche et danse
L’aventure de Pauline Lavainne, Lisa Biche, Delphine Guigue et Maël Gueneguan, débute lors d’un festival de danse organisé l’été dernier par le Centre National de la Danse, intitulé « Camping ». Face à leurs camarades venus de conservatoires et de centres de formations en danse de tout l'Hexagone, ils doivent rechercher, créer et performer. « Nous étions les seuls élèves-ingénieurs invités à ces ateliers alors nous avons choisi de les initier à ce que nous comprenions mieux qu’eux : la science. Autour de trois thèmes, l’eau, l’entropie et l’architecture, nous avons travaillé plusieurs exercices et proposé des ateliers de recherche chorégraphique. L’objectif était de mettre en avant différents aspects scientifiques d'un phénomène et de les faire vivre aux danseurs. Et nous nous sommes rendu compte que c’était un très bon outil de vulgarisation », explique Lisa Biche, en 4e année de génie mécanique.  

 

De la théorie à la perception
La science, presque toujours enseignée par la théorie, s’approche ici par le mouvement. La thématique scientifique abordée peut varier, de la plus simple à la plus ardue. « Notre premier atelier cherchait à traduire les différentes phases de l’eau à l’échelle microscopique. Par exemple, pour illustrer la façon dont l’eau passe de l’état solide à liquide, nous avons matérialisé les liaisons électrostatiques avec un bâton pour chaque danseur ; la chorégraphie proposée faisait monter le corps en température, déstructurait la scène dansée et les bâtons imitaient le comportement des liaisons atomiques : de l’état solide, les molécules d’eau devenaient liquides à mesure que les danseurs bougeaient », explicite Delphine Guigue, en 5e année de sciences et génie des matériaux.
En fonction de la difficulté du concept scientifique, l’atelier débute par des explications théoriques, puis des images dansées. Pour danser la science, tout est travail de perception. « Les questions sont arrivées à la fin de l’expérience, comme pour mieux lier les notions et les ressentis du corps. Chacun voulait en apprendre plus sur les atomes d’hydrogène. Nous avons réussi à en proposer une approche inhabituelle, celle des sens. » 

 

 

Faire danser les classes de physique-chimie
Persuadés de l’intérêt d’une telle démarche pour aborder certains concepts de science fondamentale auprès d’un plus jeune public, les quatre élèves souhaitent éprouver leur méthode dans des classes de collège. « À cet âge-là, il y a un double enjeu. L’aspect scientifique d’une part, mais aussi l’appropriation de son corps qui est sujet à des bouleversements importants à cette étape de la vie. Faire danser une classe d’ados est déjà un défi en soi, mais je suis confiante. Il existe des façons d’amener le mouvement de manière inconsciente et le sujet de science sera déjà une distraction efficace pour amener les jeunes à dépasser leur pudeur », ajoute Pauline Lavainne en 4e année du département biosciences.

Art et science : la consécration des danse-études 
Pour ces quatre élèves-ingénieurs entrés en section danse en deuxième année d’études d’ingénieur, ce projet sonne comme une belle illustration de leurs années de formation. « La danse rythme nos quotidiens d’étudiants. Nous serons bientôt presque tous diplômés avec cependant une question : comment allons-nous mêler nos deux centres d’intérêt, la danse et les sciences ? Notre projet, en plus d’avoir un intérêt pédagogique, est une très bonne réponse », enrichit Maël Gueneguan, en 5e année de sciences et génie des matériaux. Il y a une autre ambition que les danseurs-ingénieurs cultivent peut-être plus secrètement : celle de désacraliser l’art contemporain, souvent difficile d’accès pour les non-initiés. « Au même titre que la science, la danse contemporaine souffre d’une image élitiste car elle aborde assez souvent des sujets métaphysiques qu’il n’est pas facile de percevoir aux premiers abords. Nous avons la volonté de mener un travail qui soit plus fonctionnel, qui parle à notre public, car la danse et la science ont quelque chose d’universel. Cela fait écho à ce que l'on a pu vivre dans nos projets avec la section : tout le monde peut danser, tout le monde peut percevoir et comprendre ». 

Ce projet a reçu une bourse de la Fondation INSA Lyon, Coup de pouce Passions 2022, pour la création d’ateliers en partenariat avec des collèges. À travers ces bourses, la Fondation INSA Lyon souhaite soutenir le modèle INSA en apportant une aide financière spécifique aux élèves-ingénieurs qui cultivent une passion, un talent individuel affirmé, reconnu ou en devenir, dans les domaines artistiques, sportifs, scientifiques ou techniques.


Les lauréats des Coups de Pouce Passions/février 2022.

 

© Photo encadré gauche - Garance Li